Information
Le code phonographique ou « fidel » est un outil interactif qui permet aux élèves de progresser en lecture-décodage et en orthographe lexicale et grammaticale, grâce à des exercices et des jeux engageants, exigeants, stimulants et variés. Cet outil constitue dans ces domaines une aide précieuse pour faire travailler les personnes à tendance dyslexique.
Description
Le tableau phonographique du français a été créé par le pédagogue Caleb Gattegno dans les années 1960, et par lui fut baptisé « fidel », transcription de « tableau des sons » en amharique. S’il fait partie des matériels de base de La lecture en couleurs et du Silent Way, créations du même auteur, il peut être utilisé avec profit dans l’enseignement du français langue première. Il faut préciser toutefois que pour les apprentis lecteurs, cet outil doit être construit progressivement lors de l’apprentissage et non présenté comme tel : voir à ce sujet « Guide du maître de la lecture en couleurs », par C. Gattegno, chez UEPD.
Chaque colonne du tableau est constituée de l’ensemble coloré des graphies utilisées en français pour écrire l’un de ses sons. Les colonnes du haut sont celles des sons voyelles, celles du bas des sons consonnes et semi-consonnes.
Le tableau, qui compile à quelques exceptions près toutes les orthographes de tous les sons du français, permet de lire ou d’écrire n’importe lequel de ses mots : il constitue donc un modèle complet de la langue vue sous l’angle de ses sons et de ses graphies.
Le tableau existe en trois formats : format mural pour la classe (8 panneaux A2 de 42 x 60 cm), format mural pour un petit groupe (1 panneau A2 de 42 x 60 cm), format individuel (1 page A4 de 21 x 29,7 cm).
Fonction et utilisations
Globalement, le « fidel » permet de comprendre, de pratiquer et de maîtriser la construction algébrique de la langue orale et de la langue écrite qui la code.
En pratique, à l’aide d’une baguette fine (ou pointeur), en touchant dans l’ordre les graphies-sons de n’importe quel mot, on indique simultanément comment le dire et comment l’écrire. (Par exemple, pour pointer le mot assez, qui est constitué de 3 sons, on montrera successivement « a », « ss » et « ez » dans les 3 colonnes adéquates.) Le fidel est donc un instrument privilégié pour faire acquérir et développer dans l’action la conscience phonologique indispensable à la lecture-décodage et à l’orthographe lexicale. Le fascicule L’orthographe avec le fidel de la lecture en couleurs, également disponible en boutique, exemplifie chaque graphie et propose de nombreux exercices à faire pratiquer dans ce but.
Ce faisant, cet outil permet entre autres de faire différencier en les opposant les sons proches pouvant être confondus par les apprenants, comme dans les mots coussin et cousin, chou et joue, pain et pont et pan par exemple. De ce fait, c’est un outil permettant de corriger la dysorthographie.
Outre tous ces exercices de base multimodaux (qui impliquent la vue, l’ouïe et le geste), le « fidel » permet de nombreuses autres activités tout aussi fondamentales, sollicitant la capacité de chaque personne à induire et à abstraire :
- pour étudier les variations en genre et en nombre des noms et des adjectifs : passage du singulier au pluriel, ou du masculin au féminin : passer d’un sou à des sous, d’un chou à des choux, de complet à complète, de sec à sèche ou de roux à rousse, etc.
- pour passer progressivement de l’écriture complète des formes verbales du présent de l’indicatif à celle de leur seul dernier son-graphie, jusqu’à l’abstraction d’un modèle de leurs terminaisons : passage de tu cherches à ches puis à la terminaison es.
- pour étudier les variations orthographiques des formes verbales en fonction de leur nombre, de leur personne, de leur temps ou de leur mode : par exemple, passer de il essuie à il essuiera, de je courrai à je courais, ou vice versa.
- pour passer progressivement à l’écriture des adverbes dérivés des adjectifs : par exemple, passer de clair à claire, puis à clairement, de frais à fraîche puis à fraîchement ou de récent à récemment et de brillant à brillamment.
Cette liste n’est pas exhaustive et bien d’autres exercices peuvent être imaginés et pratiqués selon les objectifs de travail fixés et la créativité des enseignants en fonction des besoins de leurs élèves.
Conclusion
Le code phonographique est un outil d’une très grande richesse et souplesse pour éveiller la conscience des sons chez les apprenants, qu’ils soient petits ou grands, pour favoriser les progrès en lecture-décodage et en orthographe, pour lutter contre la dysorthographie et certains aspects de la dyslexie. Obligeant à porter un regard attentif aux mots, il permet d’en construire des images mentales fiables et de les retenir ainsi pour toujours.